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Proies :
Plus connu sous son ancien nom d’Hypoaspis miles, ce petit acarien terricole brun clair, prédateur généraliste, a été renommé Stratiolaelaps scimitus. Les horticulteurs le connaissent surtout comme régulateur des populations de thrips nuisibles et de mouches noires des terreaux (Sciaridae, Ephydridae). Grâce à son mode de vie dans les premiers centimètres du sol et des substrats de culture, cet auxiliaire présent à l’état naturel en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud consomme des pronymphes et nymphes de thrips, des larves et pupes de mouches, mais aussi des cochenilles des racines, des pucerons des racines, des œufs de Duponchelia fovealis, les stades édaphiques de cécidomyies ou de coléoptères chrysomélidés, des collemboles, des acariens (dont des tétranyques), des nématodes et d’autres petits invertébrés terricoles. En l’absence de proies animales, il subsiste en se nourrissant de débris organiques, d’algues et de champignons. Sinon, il peut vivre jusqu'à sept semaines sans nourriture. Cet acarien prédateur est par ailleurs utilisé comme alternative biologique pour le contrôle des acariens nuisibles aux abeilles (varroa), aux oiseaux, aux reptiles, aux crustacés terrestres et aux gastéropodes dans les élevages d’amateurs.
Comportement :
S. scimitus supporte les conditions humides rencontrées en cultures sous abri, y compris dans les serres de multiplication où sont cultivés des jeunes plants horticoles en plaques alvéolées et en godets, mais il ne tolère pas l'eau stagnante. En revanche, il est capable de tolérer des périodes où le niveau d'humidité du sol ou du substrat est faible.
Tous les stades mobiles de cet auxiliaire (larves, adulte) sont prédateurs. Particulièrement agiles, ils trouvent facilement de quoi s'alimenter et s'abreuver. Ces acariens s'attaquent de préférence à des proies de petite taille, même à basses températures (supérieures ou égales à 10 °C) mais, dans ce cas, la croissance de la population est plus lente. Le développement juvénile évolue en 35 à 45 jours à une température de 15 °C, selon la nourriture disponible. À 25 °C, il dure seulement 12 à 13 jours. Mais lorsqu’il fait trop chaud, à partir de 32 °C, les femelles pondent très peu et la mortalité des œufs est élevée. L’optimum thermique se situe entre 15 et 25 °C. Les femelles non fécondés produisent seulement des mâles, tandis que les femelles fécondées produisent aussi bien des mâles que des femelles. En général, le ratio des sexes est équivalent avec une femelle pour un mâle mais, dans certaines colonies, on peut compter jusqu’à 70 % de femelles.
Efficacité :
Les larves et adultes de S. scimitus dévorent jusqu’à cinq proies par jour. En lutte préventive, ils permettent de réduire les populations de thrips en consommant les nymphes lorsque la pupaison se fait au sol. Dans plusieurs expérimentations réalisées à petite échelle, l’acarien prédateur a réduit l'émergence des thrips adultes de 30 % environ par rapport à celle des témoins. Un essai réalisé sur aubergine en cage a montré l’efficacité de S. scimitus pour le contrôle de Frankliniella occidentalis à la dose de 50 individus par plante. L’efficacité des lâchers était de 73 % sur les larves et de 66 % sur les adultes. En combinaison avec un produit de traitement de sol à base de Beauveria bassiana, cette efficacité était de 86 % sur les larves et de 82 % sur les adultes. S. scimitus est aussi un excellent prédateur de larves et de pupes de mouches noires des terreaux. Lors d’un essai réalisé sur poinsettia et cyclamen en pot sous serre, un contrôle total des populations de Bradysia spp. a été observé à partir de la dose de 55 acariens prédateurs par pot.
Conditions d’utilisation :
S. scimitus est livré dans des flacons ou des cylindres cartonnés contenant de 10 000 à 25 000 individus. Il est appliqué en vrac. Pour réussir cette opération, il convient au préalable de tourner ou d’agiter délicatement le contenant pour mélanger les acariens et le substrat. Il est également recommandé d’humidifier le sol ou le terreau avant d’introduire les acariens dans la culture, sans jamais inonder, puis de répartir uniformément le matériel sur le sol ou sur le substrat de culture, en évitant les revêtements plastique.
Sur toutes les cultures ornementales, la dose d’apport de S. scimitus pour réguler les populations de thrips ou de mouches noires des terreaux (Sciaridae, Ephydridae) est de 100 à 300 individus par mètre carré en lutte préventive, à renouveler une fois si nécessaire à un intervalle de 14 à 28 jours. La dose augmente à 500 individus/m2 en lutte curative, à renouveler au besoin. Cependant, pour obtenir la meilleure efficacité régulatrice, il est préférable d’effectuer le premier apport lorsque les ravageurs sont encore peu nombreux ou non disséminés dans la culture. De plus, cet auxiliaire est souvent insuffisant à lui seul pour maîtriser les insectes phytophages. Il convient donc de combiner entre elles plusieurs méthodes de lutte pour obtenir les meilleurs résultats. S. scimitus a ainsi intérêt à être utilisé en association avec des auxiliaires qui se nourrissent de thrips sur le feuillage et les pièces florales, notamment des acariens Phytoséiides (Amblydromalus limonicus, Amblyseius andersoni, Amblyseius swirskii, Neoseiulus cucumeris) et/ou des punaises prédatrices Orius spp. Il est également souhaitable de pratiquer le piégeage chromo-attractif en complément du biocontrôle (panneaux bleus ou jaunes englués pour capturer les thrips ; panneaux jaunes englués pour piéger les mouches noires des terreaux). Enfin, pour optimiser la lutte biologique contre les larves de mouches Sciaridae et Ephydridae, il est possible d’arroser le substrat de culture avec une solution à base de nématodes entomopathogènes Steinernema feltiae.
L’adulte possède un corps piriforme de 0,5 à 0,8 mm de long avec de longues pattes, dont la couleur varie du crème au brun clair. Les mâles sont plus petits que les femelles et rarement observés sur le terrain. L’œuf est ovale et fait 0,3 à 0,5 mm de long. La larve comporte six pattes et la nymphe est brune et inerte.
Cycle biologique :
Le cycle de développement complet de S. scimitus comprend cinq stades : œuf, larve, protonymphe, deutéronymphe, mâle et femelle adultes. Cet acarien a une longue durée de vie. Selon la ressource alimentaire, les femelles adultes survivent entre 80 et 110 jours à 20 °C. Une fois fécondées par les individus mâles, elles pondent des œufs dans le sol qui se métamorphosent en larves, puis en nymphes pendant 13 à 18 jours. L’abondance de la ponte dépend aussi de la prise de nourriture des femelles. Au maximum, elles déposent 3,4 œufs en moyenne par jour. En se nourrissant de pronymphes et de nymphes de thrips, la ponte diminue à 0,8 œuf par jour en moyenne. Les œufs éclosent après deux à six jours d’incubation selon les températures, puis des larves apparaissent.
Observation, prélèvement d’échantillon :
On peut suivre S. scimitus sur le terrain à l’aide d’une loupe de poche grossissant dix fois. Cependant, l’identification des spécimens est difficile. Si besoin, il est possible solliciter un laboratoire d’acarologie dans le but d’obtenir une réponse fiable.